Arshak Fetvadjian (1863-1947)
Costume féminin d’Erévan
Arshak Fetvadjian (1863-1947)
Costume féminin d’Erévan
Aquarelle sur papier
C’est un aquarelliste extrêmement talentueux auquel la postérité peut maintenant ajouter le terme d’ethnologue et d’archéologue grâce à ses représentations du peuple arménien et de ses monuments, disparus depuis.
Il est né le 1er octobre 1866 à Trebizonde, (aujourd’hui Trabzon) port sur la Mer Noire au nord-est de la Turquie. Il passe son enfance à Constantinople (Istanbul) où il intègre, dès sa création par Osman Hamdi Bey (1842-1910) en 1882, la première Ecole Nationale de beaux-arts de l’Empire Ottoman et devient l’élève du premier professeur de sculpture Yervand Voskan, alias Osgan Effendi, (1855-1914) sculpteur arménien. Ce sculpteur féru de recherches archéologiques n’est sans doute pas étranger à sa vocation. Il intègrera étroitement l’aspect historique et archéologique dans ses futures représentations.
Son diplôme en poche en 1887 il part pour l’Académie des beaux-arts de Rome, l’Académie San Luca, créée en 1577, près de la Fontaine de Trévi. Et en 1891 à 25 ans, on découvre enfin ses talents à l’Exposition Nationale d’Art d’Italie. L’Allemagne, la France, Vienne en Autriche, Saint-Pétersbourg en Russie le verront nouer d’étroites relations avec des artistes locaux à travers de nombreuses expositions.
Dans les premières années du XXe siècle il est archéologue. Il participe aux fouilles de la capitale médiévale d’Ani, dans l’Arménie de l’Empire Russe, organisées par Nicolas Marr directeur de la chaire d’arménologie à l’université de Saint-Pétersbourg. Il y fera des centaines d’aquarelles des monastères, chapelles, palais, édifices, datant du VIe au XIIIe siècles et qui seront des témoignages in situ de cette architecture en tuf, encaissant les tremblements de terre et remarquable de technicité pour l’époque. Il croquera aussi la Basilique de Tekor à Kars à côté d’Ani, le lac Sevan et biens d’autres paysages locaux. Témoignages sauvés sans le savoir, in extremis avant leur destruction lors de la chute de l’Empire Russe et les conflits de 1917-1921. On lui doit également plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’architecture arménienne.
Il deviendra ensuite ethnologue en sillonnant le Caucase, faisant le portrait de tout un peuple en costume local, là aussi témoignage inestimable. Ses reproductions minutieuses des matières, fourrures, velours, soies, broderies, bijoux, fourniront d'importants détails ethnographiques qui seront utilisés dans la restauration des costumes régionaux.
On a perdu sa trace durant les massacres de 1915, il est possible qu’il ait fuit vers l’Empire Russe. Mais on le retrouve en 1918 commissionné par le ministre des finances de la première République d’Arménie, pour la création des premiers billets de banque en roubles et les premiers timbres de cette nouvelle république. Las, à peine les premiers billets étaient-ils imprimés à Paris, que l’armée Soviétique intégrait cette nouvelle Arménie dans ses républiques en décembre 1920. Ces billets ne furent jamais mis en circulation, ni les timbres d’ailleurs.
Auparavant Paris, en 1919, n’aura pas manqué d’exposer ses séries sur Ani et sur les costumes.
Mais le cœur n’y est plus, il part pour Londres puis les Etats Unis ou il arrive en 1922. Il fera partie des sociétés d’artistes de l’Université de Harvard et de Columbia. Il se fixe à Medford dans l’Oregon, espérant un jour revenir en Arménie. Mais la vie ne lui en aura pas laissé le temps, il s'éteint, loin de sa patrie chérie, à Medford le 7 octobre 1947 à l’âge de 84 ans. Mais conformément à ses vœux, ses cendres revinrent en Arménie et une grande part de ses œuvres fut donnée à la Galerie Nationale à Erévan.
Frederic Fringhian