Edgar Chahine (1874-1947)
À la fête foraine, 1902
Edgar Chahine (1874-1947)
À la fête foraine, 1902
130 mm / 75 mm
Pointe sèche. Signée en bas à droite.
Edgar Chahine, dont on voit ici l’autoportrait issu de la collection de son fils Pierre, voit le jour le 31 octobre 1874 à Vienne en Autriche lors d’un séjour de ses parents aux thermes de Karlsbad (Karvoly Vary en Tchéquie actuelle). Son père est l'un des directeurs de la Banque Ottomane à Constantinople. Il passe son enfance dans le quartier « européen et chrétien », Péra, sur la rive nord de La Corne d’Or. En 1889 son frère d’un an plus jeune, meurt subitement de la fièvre typhoïde, depuis ce temps il restera obsédé par les microbes.
Ses parents divorcent alors. Il suit ses études au collège arménien catholique des Mekhitaristes à Kadiköy sur la rive asiatique de Constantinople. Mais son penchant pour la peinture l’amène aux cours de Nelkon Tiratsouyan de l'Académie privée des Beaux Arts ouverte par le peintre lyonnais Pierre Désiré Guillemet (1827-1878) dans le quartier Péra.
En 1892, il a alors dix-huit ans, son professeur lui conseille de poursuivre sa formation au collège mékhitariste Mourat-Raphaël sur l'île de Saint Lazare en face de Venise. Il y assiste aux cours du peintre Antonio Paoletti (1834-1912) et du sculpteur Antonio Zotto (1841-1918) s’initiant à la peinture de la Renaissance et fera la connaissance de Charles Atamian (1872-1947) futur peintre comme lui.
1895 le voit s'installer avec sa mère à Paris dans le quartier de la Gare Montparnasse. Il sera fasciné par la vie de la rue parisienne.
Il s’incrit à l’Académie Jullian, suivant les cours du peintre orientaliste Jean-Joseph Constant dit Benjamin Constant (1845-1902) et Jean Paul Laurens (1838-1921), mais surtout il fait la connaissance de Tigran Polat (1874-1950) s'initiant à la peinture et la gravure lui aussi. Il se lie également à cette époque avec le poète Archag Tchobanian (1872-1954).
Il expose en 1896 une toile « Le gueux » au Salon des Artistes français et l'année suivante, à 23 ans, il obtient au même salon une mention « honorable » avec une huile sur toile « Coin de rue- Marchande de pomme de terre frites ».
Il se perfectionne aux techniques de la gravure auprès d'Eugène Delâtre (1864-1938) dans son atelier parisien au 87 rue Lepic. Et dès 1899 la maîtrise de sa technique et son talent dans les trois gravures et sa pointe sèche exposées au Salon séduisent les critiques.
En 1900, il reçut la médaille d'or à l’Exposition Universelle de Paris. La même année, il fut élu membre de la Société Royale des Peintres de Londres. En 1901, il participa à la Biennale de Venise et reçu également la médaille d'or pour ses gravures.
Il avait la particularité de graver les cuivres sur une plaque plus grande que la feuille. En suprimant les contours de la presse, on avait l'impression que le dessin était réalisé directement sur la feuille.
C’est une grande douleur qui l'étreint lorsqu’il perd, en 1906, sa fiancée Marie Jacobsen, emportée par une tuberculose. Plongé dans une profonde dépression, il n’en sortira que par une fuite errante en Italie, se noyant dans un travail acharné. Il dessine le jour et grave la nuit dans sa chambre d’hotel.
Ce n’est que quinze ans plus tard en 1921 qu’il épousera Simone Julia Gaumet une jeune étudiante en art et qu'ils auront un fils Pierre, en 1930.
En 1922, il fut commissaire du pavillon français de la Biennale de Venise.
Il acquiert la nationalité française en 1925.
Il eut ensuite une série d'expositions individuelles dans différentes villes d'Europe.
En 1926, l’année où l’incendie de son atelier détruit les deux tiers de ses gravures, il est l’un des organisateurs de l’association des peintres arméniens de France « Ani ». Il recoit la légion d’Honneur en 1932.
Dans les années 30, ses oeuvres sont exposées à Tiflis, à Moscou et à Erévan, en Arménie où il fit dont de cent soixante eaux-forte à la Galerie Nationale en 1936.
Le Musée de l’Ermitage à Leningrad lui consacrera une exposition de ses gravures en 1940, dont une grande partie disparaîtra dans l'inondation de son atelier en 1942.
Une longue carrière le verra participer régulièrement aux Salon des Artistes Français, pour la peinture et au Salon de la Société Nationale des Beaux Arts, pour la gravure.
Il décède chez lui d’une attaque le 18 mars 1947 à 73 ans. Sa tombe se trouve au cimetière de Bagneux.
Frédéric Fringhian
La gravure à l'eau forte est un procédé utilisant l'action de l'acide nitrique ou "eau forte" sur une plaque de cuivre.
Recouverte d'un vernis sur les deux faces, une plaque de cuivre est gravée par l'artiste à l'aide d'une pointe. Le dessin est représenté par une succession de sillons mettant le cuivre à nu. La plaque est ensuite soumise à l'action de l'acide qui "mord" plus ou moins profondément le trait selon le temps employé, tout en n'attaquant pas les parties protégées.
Le vernis est enlevé à l'essence de térébenthine, apparaît alors le dessin de l'artiste dont les sillons seront encrés pour l'impression. La tenue plus ou moins verticale de la pointe génère des traits plus ou moins épais ou profonds donc plus noirs à l'impression donnant par exemple des effets d'ombre ou de drappé.