Grégoire de Narek
Grégoire de Narek
Livre des lamentations
Gravure. Verso de la page de garde. Grégoire de Narek mourant, à ses pieds la mitre et la crosse. Un ange remet son coeur (son âme) au Christ. Allusion au verset 2 du chapitre 12 : « Aucun désir de vie. C’est du créateur de la vie que je garde un brulant souvenir ».
En raison de la valeur sacrale attribuée par le peuple arménien au livre manuscrit, le livre imprimé n'a supplanté celui-ci qu'au XIXe siècle, près de trois cents ans après la parution du premier ouvrage, sorti des presses à Venise en 1511. Et contrairement aux manuscrits, le livre imprimé est, à ses débuts, exclusivement l'uvre de la diaspora. C'est en effet en Europe que sont publiés les premiers ouvrages, à Venise d'abord puis à Amsterdam qui imprime la première Bible en 1666. Les textes publiés aux XVIe et XVIIe siècles sont tantôt religieux, tantôt historiques, tantôt savants.
Au XVIIIe siècle, Venise retrouve un renouveau grâce à l'uvre considérable de l'abbé Mekhitar Sebastatzi. L'atelier typographique de l'ile de Saint-Lazare, en face de Venise, édite nombre de textes classiques arméniens, mais également, des traductions d'uvres littéraires européennes à l'usage des élèves, des études historiques, philologiques et le dictionnaire de 1837, qui fait autorité jusqu'à ce jour.
Ce n'est pourtant qu'au XIXe siècle que l'imprimerie prend un véritable essor avec la laïcisation de la culture dont la diffusion était jusqu'alors le quasi-monopole de l'Eglise.
Le remplacement de la langue classique par l'arménien moderne et le développement de la presse parachèvent cette évolution.
C'est la naissance d'une littérature moderne .
Le livre imprimé n'est plus une édition du manuscrit.
Il est désormais un outil de la pensée moderne.
Moine poète du Xème siècle (ca 951-1009), l'un des esprits les plus éminents de la poésie religieuse du Moyen-âge arménien.
Retranché toute sa vie dans son monastère, il est l'auteur de nombreuses odes, élégies, homélies.
Son oeuvre la plus importante et la plus aimée du peuple arménien, à l'égal de la Bible, est le « Livre des Lamentations » connu sous le nom de "Narek".
En conversation avec Dieu, dans un long monologue fait de prières poétiques, Grégoire confie son âme et son coeur à Dieu. S'y mêlent tous les sentiments imaginables : espoir, crainte, amour, foi, angoisse, repentir, pleurs. Grégoire veut racheter les péchés des humains. Il dialogue avec l'âme prise au piège de ses péchés. Il nous laisse une oeuvre remarquable dont l'âme arménienne tire peut-être ses sources.
Frédéric Fringhian