Krikor Chiltian (1900-1985)
« Capriccio », 1927
Krikor Chiltian (1900-1985)
« Capriccio », 1927
Encre de chine. Signée et datée en bas à gauche.
L’autoportrait ci-contre est tiré du « Plat de spaghettis » de la collection du musée.
Né de parents arméniens, à Rostov-sur-le-Don le 20 août 1900, il abandonnera ses études classiques pour s’adonner à la peinture, et quittera la Russie en 1919 durant la révolution. Il atteindra Paris via Constantinople et Vienne en Autriche.
Lors d’un séjour à Berlin en 1923, il épouse Elena Boberman. Ils sont en voyage de noces à Monaco quand ils décident de poursuivre sur l’Italie. Le couple séjournera à Naples, Florence, Milan et Venise avant de s’installer à Rome à la fin de l’année. Après le succès de sa participation à la Biennale de Venise en 1926, il repart sur Paris où il restera de 1927 à 1932.
Membre du Groupe « Ani » crée en 1926 et réunissant les peintres arméniens en diaspora, il expose au Salon d’Automne, au Salon des Tuileries et au Salon des Indépendants de 1926 à 1931. La reconnaissance internationale lui vient de sa participation en 1928 à l’« Exposition d’art russe » au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Mais s’intégrant mal au courant de l’avant-garde moderne sévissant entre Paris et Bruxelles, et suite au fiasco d’une exposition personnelle en Belgique en 1933, il décide de repartir pour l’Italie et s’installe à Milan. Il obtiendra une médaille d’or à l’exposition « Triennale de Milan » en 1940, et exposera plusieurs oeuvres à la « Biennale de Venise » en 1942.
C’est un des représentants majeurs du néo-réalisme italien. La spontanéité de son trait exprime la joie de vivre que l’on découvre à travers ses scènes de genre et même ses natures mortes. Dans les années 1950 il peint des décors d’opéra pour la Scala de Milan. Il illustre également les œuvres de Tolstoï. Il exécute les décors du restaurant de première classe du paquebot « Raffaello » lancé à Gènes en 1965 et qui assurait la liaison Italie-Etats-Unis.
Etonnante destinée que celle des oeuvres de Gregorio Chiltian liées à ce paquebot. En août 1977 le « Rafaello », ayant couté la somme astronomique pour l’époque, de 90 millions de dollars et dont l’exploitation était déficitaire, fut vendu au Shah d’Iran pour 3 millions de dollars. Cruelle fin, il est coulé six ans plus tard en 1983, en République Islamique d’Iran dans le port de Bushehr sur le Golf Persique lors d’un raid des bombardiers irakiens durant la guerre Iran-Irak. L’épave git encore au fond du port.
Au talent de peintre il ajoute celui de rédacteur et publie un traité théorique de peinture à Rome en 1976. Il s’éteindra le lundi 1er avril 1985 à l’âge de 85 ans dans son appartement romain, un vrai labyrinthe, surplombant le Tibre. La Galerie Nationale d’Arménie à Erévan possède plusieurs de ses œuvres.
Frédéric Fringhian