Lampe d’église
Céramique et argent , XVIIIe siècle. Kutahya
Lampe d’église
Céramique et argent , XVIIIe siècle. Kutahya
H 480mm
L’oeuf, traversé par le crochet, est suspendu par un long fil à la voûte de l’église. La lumière de la mèche, jamais éteinte et trempant dans une coupelle d’huile, scintille à travers le bol ajouré. On voit toujours ces lampes dans La Cathédrale Saint Jacques à Jérusalem.
Une vertu pratique et imprévue de cet oeuf en céramique est qu’il empêchait les souris, nombreuses dans les églises et les monastères, de venir lapper l’huile de la lampe.
Symboliquement l’œuf décoré du séraphin est situé entre la terre et le ciel. Il transmet la foi de l’être terrestre, matérialisée par la flamme de la lampe, au Dieu céleste dont il est le messager.
Kütahya, ville de 200 000 habitants, située à 930 m d’altitude dans les collines d’Anatolie occidentale à 300 km au sud-est d’Istambul. Elle abrite encore de nombreux ateliers de céramique qui font sa réputation depuis le XVIe siècle.
L'innovation des artisans arméniens dans la production des faïences de Kuthaya, village du centre de la Turquie actuelle, est prépondérante.
Les inscriptions en caractères arméniens, l'usage des pièces produites, l'iconographie, les sources historiques et littéraires témoignent de l'importance des artisans arméniens dans la production chrétienne et profane de ce grand centre situé au coeur de l'Anatolie.
Kuthaya a excellé dans la fabrication d'une fine céramique blanche, à décor polychrome parfois moulé, dont les couleurs dominantes sont le bleu, le jaune vif, le vert acidulé, parfois le brun de manganèse et le rouge brique du fameux « bol » arménien, appliqué en épaisseur pour rehausser ou détailler un motif. Le type le plus ancien est à décor bleu et blanc. Les formes sont des plus variées, destinées à un usage tantôt domestique (tasses, soucoupes, chopes, assiettes, théières, aiguières, gourdes, aspersoirs à eau de rose), tantôt religieux (boules d'église, pièces ornementales), tantôt décoratif ou dédicatoire (carreaux de revêtement).
Les décors sont eux aussi multiples, figuratifs, religieux, d'inspiration végétale, de personnages.
Nombre de pièces portent sur la base ou sous le couvercle la marque du potier ; quelques-unes ont une inscription dédicatoire, souvent datée, en caractères arméniens.
La composition est des plus originales : les motifs ornementaux sont répartis en médaillons, semis, guirlandes, chevrons, rondeaux, points ou écailles, mais la répétition est rare, le décor n'est jamais stéréotypé et la spontanéité prime l'ordonnance.
Frédéric Fringhian