Panos Terlémézian (1865-1941)
Un vieillard, Début XXe siècle
Panos Terlémézian (1865-1941)
Un vieillard, Début XXe siècle
Huile sur toile. Signé au dos.
Portrait d’un vieillard.
Quelle vie tumultueuse et engagée que celle de Panos Terlémézian !
Il voit le jour en 1865 au sein d’une famille paysanne de Van, en Turquie, et commence à peindre les paysages qui l’entourent vers l’âge de douze ans. La majeure partie de ses études se déroulent à l’école de Getronagan à Van. Jeune étudiant, il participe au mouvement national de libération de l’Arménie Occidentale qui lutte contre le régime oppressif du Sultan Abdülhamid II.
Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt en 1894. Fuyant vers Tiflis, qui deviendra plus tard Tbilissi la capitale de la Géorgie, il apprend sa condamnation à la prison par contumace. Il gagne alors St Petersbourg où de 1895 à 1897 il étudie à l’Académie des Beaux-Arts. Déporté en Iran à la demande du gouvernement turc, il réussit à fuir vers Paris où il arrive en 1899. Là, un répit lui donne l’occasion de fréquenter l’Académie Julian où il étudie avec Jean Paul Laurens (1838-1921) et le peintre orientaliste François Jean Baptiste Benjamin Constant (1845-1902). Il peint alors une série de paysages sur le motif et fait de fréquents voyages dans les pays du Caucase.En 1904 lors d’une exposition à Munich consacrée aux peintres européens, il reçoit la Médaille d’Or pour « Le Narthex du monastère de Sanahin » qu’il termina au cours d’un de ses voyages.
Sa nostalgie du pays le ramène à Istanbul en 1910, où il fonde une école de peinture. Il fréquente alors le cercle des intellectuels qui regroupe le prêtre musicologue, poète, auteur et compositeur Komitas (1869-1935) né à Kutahya, le poète Taniel Varoujan (1884-1915) originaire de Sivas en Turquie, Adom Yarjanian (1878-1915) poète également, plus connu sous le pseudonyme de Siamanto, natif de Erzincan en Turquie et le journaliste satirique Yervant Odian (1869-1926). Il restera deux ans à Istanbul, mais ses souvenirs le ramènent vers sa ville natale de Van, si proche, qu’il redécouvre finalement en 1913 après quinze ans d’absence. Il y peint les paysages de son enfance comme par exemple « l’ile de Gdouts sur le lac de Van ».
Mais la tragédie le rattrape en 1915. Il participe à l’autodéfense de sa ville contre les troupes turques, mais doit finalement fuir l’Anatolie et se réfugier à Tbilissi. Il y rejoint alors l’Union des Artistes Arméniens dirigée par Yeghishe Tatossian. Plus tard, en 1917 une branche de cette Union est fondée à Rostov. Il voyage alors en France et en Italie où il parfait son art du paysage. Il se rend aux États-Unis en 1923 où il peint la nature autour de Fresno en Californie, l’Océan Pacifique, et même les chutes du Niagara à différentes heures du jour.
Il repart vers sa terre natale en 1928 et se fixe à Erévan la capitale de l’actuelle Arménie. Il reprend ses pinceaux et rend parfaitement le caractère âpre et austère du paysage arménien. « Le monastère de Tatev », « Le mont Ararat », « La rive et l’île du lac Sevan », « La chaîne des monts Aragats » illustrent sa sensibilité naturelle dénuée d’artifice. Le cheminement de sa vie n’y est sans doute pas étranger. Ses toiles sont maintenant visibles dans plusieurs musées d’Arménie.
L’Arménie qui aura auparavant immortalisé l’homme et son œuvre en donnant son nom à l’Académie des Beaux-Arts d’Erévan à sa mort en 1941.
Frédéric Fringhian