Les inédits du Musée Arménien de France
Certains se souviennent encore du patrimoine exposé dans les vitrines, à l'époque où le musée avait l'autorisation de recevoir le public. D'autres auront le souvenir des objets mis en ligne à la création de ce site.
Mais aujourd'hui ce sont de totales découvertes qui apparaissent.
Depuis de très nombreuses années, par manque de place, les réserves étaient disséminées en région parisienne dans plusieurs garde-meubles.
Désireux d'entreprendre le recensement de la collection et le musée étant fermé, il fut décidé de tout regrouper sur place et de « réquisitionner » à cet effet, une des deux salles d'exposition afin de lancer l'étude du fonds, contrôler son état de conservation et planifier les restaurations urgentes.
Ceci, tout en prenant en compte les maigres moyens du musée privé de ses ressources par sa fermeture au public. Logé dans un bâtiment appartenant à l'Etat, le lieu n'est plus aux normes, et la réhabilitation n'est pas programmée.
De cet inventaire, émergent de réelles découvertes soustraites à notre regard depuis près d'un demi-siècle.C'est à ces découvertes que nous vous convions aujourd'hui sur le site du musée.
Dans le département « Archéologie et Histoire », en « Numismatique », plus de cinquante nouveaux exemplaires ont fait l'objet d'une étude minutieuse par Monsieur Ruben Vardanyan le chef du Département de Numismatique du Musée d'Art et d'Histoire d'Erevan en Arménie. Il découvrit à cette occasion une rare contremarque sur un follis byzantin de Constantin X du XIe siècle.
L' « Art de l'Ecrit » est enrichi de nouvelles pages du manuscrit du recueil de Chants Religieux (6e manuscrit de la salle des « Manuscrits »), prêté au Louvre en 2007, commentées par Madame Edda Vardanyan la responsable des manuscrits médiévaux du Maténadaran « Bibliothèque Nationale » d'Erevan. Lisez la dramatique histoire des 40 martyrs de Sébaste, rarement contée jusqu'à présent.
La salle des « Textiles » dans le département des « Arts Religieux » s'enrichi d'une partie de chasuble ou Epitrachelion du XVIIIe siècle, identifiée par les experts du département des textiles anciens à Erevan.
Nous tenons à remercier la directrice du Musée d'Art et d'Histoire , Mme Anelka Grigorian pour la mise à disposition de ses experts.
Dans le même département, mais dans la salle des « Objets de Culte », la Porte de Tabernacle du XVIIIe siècle, a fait l'objet d'une restauration complète par Madame Nouné Yerezian de l'Equipe du musée, qui a mis en évidence la fraîcheur des tons d'origine et permis l'étude des composants et des liants des pigments.
Etait également exposé le portrait d'un prêtre inconnu réalisé au XIXe siècle par Pierre Désiré Guillemet artiste français, fondateur avec sa femme de la première école de peinture à Constantinople en 1874. Ce prêtre fut récemment identifié par un visiteur internaute Monsieur Vazken Davidian, étudiant en Histoire de l'Art à l'Université de Londres, comme étant Nerses II Varjhabedian Patriarche de Constantinople de 1874 à 1884, preuve s'il en était de l'utilité d'un travail collectif et international à partir du site du musée.
Dans le département des « Beaux Arts » de notre musée virtuel, les aquarelles d'Archak Fetvadjian dont la valeur iconographique de la série sur les costumes régionaux est reconnue, ont enfin rejoint la salle des « Peintures-Pastels ».
Dans les réserves fut aussi découvert et restaurée, la « Nature morte aux poissons » un pastel d'Edgar Chahine, totalement inconnu de son fils Pierre, expert de son oeuvre. Elle est enfin « accrochée » dans la salle des « Peintures ».
Cette dernière « campagne de fouille » dans les réserves du musée a confirmé la richesse de la collection du MAF, unique en son genre et beaucoup reste encore à découvrir.
Nous ne conclurons par cette lettre sans parler de l'évolution de la collection.
Vous trouverez à la dernière image des « Peintures » dans le département des Beaux Arts, une huile sur carton « La toilette », reproduite en tête de cette lettre, de Sarkis Yuakhanian d'Erevan. Ce dernier entre dans notre musée comme représentant de l'école moderne. Vous comprendrez son cheminement en lisant sa biographie accessible sur son nom en rouge sur le site.
Sarkis Yukhanian est malheureusement décédé à l'automne 2010, trois mois après la première exposition des ses oeuvres à Paris, organisée par le musée.
Nous devons également parler d'un don émouvant que nous venons de recevoir, de Madame Demirian de Marseille.
Transmis de génération en génération pour finalement aboutir au musée, le livre de cours d'histoire de son grand père écolier à Constantinople en 1909 est maintenant définitivement à l'abri dans les collections du MAF. Nous y consacrerons une prochaine lettre d'information.
Il ressort de cette nouvelle « mise en ligne » pour ne pas dire « Exposition », sur le site du MAF, que nous devons retenir l'extrême diversité du panorama culturel arménien à travers sa longue histoire, que ce soit en Diaspora ou en République.
Le rôle du MAF est d'illustrer la diversité de cette culture, dont les racines communes préservent l'unité malgré sa dispersion par delà les frontières.
Nous vous souhaitons une agréable visite.
Furetez, fouillez, poussez des portes , vous êtes votre propre guide.
Frederic Fringhian
Directeur du Musée Arménien de France
Publié le 17 février 2011